Ces derniers jours, les agressions, lynchages, assassinats et autres défraient la chronique. Tout cela a donné lieu à des accusations selon lesquelles le pouvoir voudrait faire diversion, tandis que d’autres pointent l’instrumentalisation de l’extrême droite sur ces sujets. Qu’en est-il dans les faits ? Nous allons nous poser quelques questions relativement simples :
- Quelles parties prenantes prend le plus la parole sur le sujet sur X ? Les politiques, les lobbies ou les médias ?
- Quel parti aborde le plus le sujet ? Sur principalement quel sujet ?
- Existe-t-il une différence entre travail parlementaire et prise de parole sur les réseaux sociaux ?
Les médias et politiques en parlent énormément
Dans le panel Follaw, les tweets sont plutôt en décroissance avec d’énormes pics à l’occasion des émeutes.
Dans les parties prenantes, médias / journalistes et politiques constituent 80 % de la volumétrie des tweets.
La criminalité intéresse donc à la fois les politiques et les médias et il n’y a pas de déséquilibre entre les deux comme pour pléthores d’autres sujets. Les lobbies sont par contre totalement absents ou presque des débats. Les parties prenantes les plus actives sont clairement les chaines d’information en continu, le Parisien, les grandes gueules, et les médias de droites :
Notons la présence de Darmanin, de loin comme premier politique sur le sujet et l’année écoulée.
Le RN clairement en embuscade
Analysons désormais les prises de parole sur les réseaux sociaux pour voir qui s’exprime le plus sur le sujet. Et là, une évidence : le rassemblement national explose toutes les volumétries sur le sujet et il s’agit d’un thème très porteur pour eux. Renaissance n’est pas en reste et occupe le terrain, bien plus que LR.
On pourrait se dire que le RN parle beaucoup mais n’agit peu. (Voir nos autres articles sur le fait que c’est généralement le cas) Mais sur la criminalité, on en est loin ! le RN est aussi le plus actif d’un point de vue parlementaire. Suit LR qui pour le coup est plus actif dans l’Assemblée nationale que sur les réseaux sociaux. LFI Et Nupes terminent le podium mais principalement sur le fait qu’il y a une violence policière.
Renaissance est moins actif d’un point de vue législatif pour une simple raison : Gerald Darmanin surbooste Renaissance sur les réseaux sociaux, mais derrière lui, c’est faible en activité !
Lorsqu’on regarde les questions, c’est assez intéressant, mais on voit une place intéressante de l’agriculture et des collectivités territoriales avec des agressions envers les agriculteurs, des vols de bétails ou des problématiques de criminalités locales. En analysant comment les groupes interrogent les ministères, on se rend compte également que LFI, et les socialistes posent davantage de questions à la Justice, qu’à l’Intérieur qui est véritablement la cible de RN et de LR. Le groupe RE pose bien moins de questions.
On remarque donc des pressions sociétales par les publications sur les réseaux sociaux ainsi que dans l’Assemblée nationale à travers les activités législatives (dossiers législatifs, questions, amendements), mais cela ne se retranscrit pas dans la voie législative :
Puisqu’il y a embouteillage dans les propositions de loi tandis qu’en dehors des professionnels de santé, il n’y a pas de proposition ou de projet de loi avancés dans la navette parlementaire.
Les faits divers et les refus d’obtempérer comme sujets majeurs !
Lorsqu’on regarde les mots-clés les plus abordés, on se rend compte que des villes sont particulièrement citées (Nice, Nantes, Marseille, Cherbourg, Paris), des faits divers (hashtags génériques, Thomas, Nahel, Arras) et des hashtags proches de médias appartenant à RMC / BFM.
En conclusion
On peut déceler que :
- Les médias sont les principales parties prenantes parlant de criminalité. Ils sont principalement de droite dans le traitement. On a également les médias d’actualités en continu (BFM / CNEWS)
- Les politiques sont également très présents. Le RN en a clairement fait un axe de communication, mais aussi d’activités. Darmanin est le politique le plus actif sur la question et occupe bien le terrain. Il est cependant bien seul.
- Même s’il y a beaucoup de discussions sur le sujet, il n’y a pas d’agenda parlementaire sur la question.
- Les partis de droite interpellent davantage le ministère de l’Intérieur (répression) tandis que les partis de gauche interpellent plus les partis de gauche (justice), notamment sur les violences policières.
- Les refus d’obtempérer sont le principal sujet en termes d’engagement. Le sujet profite du fait qu’à la fois les partis de droite (pour les dénoncer) que les partis de gauche (pour parler de violences policières) participent au débat.
- Les questions d’agriculture occupent une part importante des sujets de criminalité.