Dans le cadre de notre partenariat avec Le Trombinoscope, nous avons réalisé cette étude afin de mettre en lumière la place du cancer dans le débat public et politique. Pour concevoir cette analyse, nous nous sommes appuyés sur notre plateforme de veille Follaw.sv, qui nous a permis d’identifier les prises de parole et les dynamiques autour de ce sujet.
Les travaux parlementaires de la 17ème législature se sont régulièrement emparé de la question du cancer qui constitue une problématique sanitaire prioritaire. Celle-ci demeure en effet la première cause de mortalité prématurée en France devant les maladies cardio-vasculaires. En 2023, l’Institut national du cancer a recensé 433 136 nouveaux cas en France métropolitaine (245 610 chez les hommes et 187 526 chez les femmes).
Depuis la rentrée parlementaire de septembre 2024, l’outil de veille sociétale et législative Follaw.sv. indique que 6 projets de loi sont actuellement en cours de lecture dont un (déposé lors de la législature précédente par l’ancien député communiste Fabien Roussel) est en cours de promulgation à propos de la prise en charge intégrale des soins liés au traitement du cancer du sein par l’assurance maladie.
Si tous les partis sont globalement investis sur la thématique du cancer, on note toutefois que 4 groupes parlementaires assurent à eux 55% des questions sur les bancs des assemblées (avec en tête, les sénateurs LR, les députés RN, les sénateurs de l’Union centriste et les députés des Démocrates). Sans réelle surprise, le groupe écologiste est surtout focalisé sur le thème des impacts environnementaux et alimentaires dans la survenue des cancers, notamment les maladies professionnelles tandis que celui de la France insoumise est uniquement axé sur les manques de ressources dans les établissements de santé (en particulier les radiothérapeutes et les kinésithérapeutes).

De nombreux axes de travail
La thématique du cancer est abordée sous des angles très variés. L’axe de la prise en charge des soins et de l’accompagnement des malades a engendré de nombreux débats, particulièrement sur l’optimisation de la protection et de l’accompagnement des parents qui ont un enfant atteint d’un cancer, d’une maladie rare ou d’un handicap lourd.
Autre thème récurrent : la prise en charge des affections longue durée (ALD) et des arrêts de travail liés au cancer. Enfin, plusieurs questions ont évoqué la prise en charge de soins encore insuffisamment couverts comme le remboursement de soutien-gorge post-opératoire, celui des prothèses capillaires après une chimiothérapie ou encore la tatouage thérapeutique 3D à la suite d’un cancer du sein qui aide à une reconstruction mammaire après l’opération.
Un point sensible concerne également le transport sanitaire des patients atteints d’un cancer mais également l’accessibilité aux soins, notamment l’immunothérapie qui n’est pas forcément disponible dans toutes les hôpitaux et centres d’oncologie. Sans parler de la disparité territoriale qui affecte certains départements qui se retrouvent plus démunis que d’autres pour soigner les malades.
L’influence médiatique sur l’activité parlementaire
L’agenda médiatique n’a en revanche pas manqué d’influer quelque peu sur l’activité parlementaire. Cela s’est vérifié à l’occasion de la 31ème édition d’Octobre Rose, une campagne d’information et de sensibilisation qui met l’accent sur le dépistage du cancer du sein pendant toute la durée du mois et qui est symbolisée par le ruban rose.
Sur les 43 questions parlementaires enregistrées depuis septembre 2024, 26 ont été posées … en octobre ! Pas exclusivement d’ailleurs sur le cancer du sein qui atteint chaque année 58 000 femmes (dont 12 000 décèdent) mais probablement pour capitaliser sur ce temps médiatique abondamment relayé par les médias, les associations de santé et de patients et les réseaux sociaux et attirer ainsi l’attention sur des thèmes corollaires.

Le gros couac des cancers pédiatriques
Dans ce tour d’horizon des problématiques relatives au cancer, un sujet a fait l’objet d’une forte polarisation avec plusieurs questions portées par des sénateurs et des députés à propos des cancers pédiatriques. Si le cancer chez l’enfant est une maladie rare qui représente 1% de la globalité des cancers, celui-ci reste néanmoins la deuxième cause de mortalité chez l’enfant de plus de un an en France, derrière les accidents. De plus, leur nombre augmente de 1 à 2% par an en France soit 450 à 500 enfants et adolescents qui meurent chaque année malgré les progrès indéniables de la recherche.
Or au début de février 2025, un véritable tollé a parcouru les assemblées. Dans le texte du projet de loi de finances 2025 adopté le 5 du mois, des associations et des députés ont découvert que l’enveloppe de 15 millions d’euros pour la recherche sur les cancers pédiatriques avait disparu. Une surprise d’autant plus désagréable que l’amendement déposé fin octobre par le député François Ruffin, avait fait l’objet d’un consensus transpartisan chez les parlementaires en commission, à l’Assemblée et au Sénat.
Quelques jours après les ministères de la Santé et de la Recherche ont rétropédalé en annonçant que le gouvernement s’engage « à compléter de 15 millions d’euros le budget consacré à la lutte contre les cancers pédiatriques ». En attendant, le sujet demeure sensible. Le 18 février, le député RN Thierry Tesson a déposé une question sur cette suppression de crédit. Réponse attendue pour le 18 avril dernier délai.

Légende : répartition des prises de parole des différents acteurs sociétaux sur la question du cancer. On remarque que les associations médicales et de patients sont particulièrement actives et bien relayées par les médias