Suite à une décision européenne, le gouvernement français a dû annoncer la fin de la dérogation permettant d’utiliser des semences enrobées de néonicotinoïdes. Cette annonce soudaine arrive difficilement pour les agriculteurs qui ont manifesté ce mercredi.
Résumé de l’étude
L’annonce de la fin de la dérogation pour les semences enrobées de néonicotinoïdes a rempli de joies les communautés écologistes.
En réaction, le RN s’est mobilisé alors que lors de la précédente crise, ils étaient totalement absents. La raison ? Des emplois situés dans leurs circonscriptions et un prisme européen intéressant pour eux.
Sur les réseaux sociaux, on observe une bataille d’influence entre les écologistes et les associations et syndicats agricoles, avec Marc Fesneau au centre de l’échiquier. Ce dernier voit 2,6 fois plus de tweets d’agriculteurs mécontents que d’écologistes dans son newsfeed Twitter, avec comme principal influenceur Matthieu Orphelin, Eric de LA CHESNAIS et C. Lambert.
Les principales thématiques connexes sont autour du :
- Secteur : quelles alternatives alors que la filière est en danger ? Comment désherber des betteraves à la main ?
- Economie : on va importer des betteraves au détriment des agriculteurs et des ouvriers des usines sucrières.
- Anti-Europe : il n’y a que des technochrates pour décider de cela
- Ecologique : les abeilles ne butinent pas les betteraves versus c’est dangereux pour les abeilles.
- Anti-gouvernement : la France est le seul pays dans le cas.
- Santé : le sucre est mauvais pour la santé
Le gouvernement, de son côté, tente de calmer le secteur et de se montrer engagé auprès des agriculteurs pour les protéger. Il multiplie ainsi les rencontres avec le secteur ainsi que les communiqués de presse.
Un sujet qui était très peu abordé et qui connait de larges volumétries
Alors que le sujet était tombé aux oubliettes de notre panel sur Follaw rassemblant les 18 000 personnes les plus influentes de la sphère française et européenne, l’annonce a permis une résurgence durant la dernière semaine :
Sur les réseaux sociaux, les publications proviennent majoritairement des écologistes et du RN/LR tandis que les lobbies agricoles sont pleinement mobilisés.
En analysant de manière globale et en dehors de notre panel les discussions du mois écoulé sur la problématique, on se rend compte qu’une véritable bataille s’est enclenchée : les agriculteurs qui font pression sur le ministère de l’Agriculture et les milieux écologistes qui tout en faisant pression sur celui-ci, se félicite de la décision. De manière périphérique et dans son propre monde, le Rassemblement National se mobilise pour les agriculteurs.
Qui touche le plus l’écosystème politique et le ministre ? Pour faire cela, nous avons reconstitué le newsfeed de M. Fesneau et de notre panel pour voir qui généraient le plus d’impressions qualifiées sur ces deux cibles avec notre méthodologie de Topical Impact Assesment :
Les moyens médiatiques sont clairement la meilleure stratégie. Attirer leur attention avec des actions et de la couverture médiatique est clairement générateur d’impact sur le ministre et sur la sphère politique. Les agriculteurs semblent également gagner la bataille contre les écologistes sur les deux tableaux. Ceux qui ont le plus d’impact sur M.Fesneau sont dans l’ordre : lcp, agri_gouv, m_orphelin, plumedeschamps, lepoint, libe, chlambert_fnsea, f3centre, lopinion_fr, publicsenat, europe1, fnsea, radioclassique, franceinfo, lci, lemondefr, afpfr, ouestfrance, franceinfoplus, lejdd, gouvernementfr.
En dehors des médias et des institutions (dont son propre ministère), on trouve Matthieu Orphelin, Eric de LA CHESNAIS et C. Lambert. Notons la bonne présence de la FNSEA, qui profite sans doute du passé sectoriel du ministre. Dans le camp écologiste, seule Michèle Rivasi rejoint M. Orphelin comme personnes ayant généré des impressions sur M. Fesneau.
Sur l’année, on a un mélange entre agritwittos, institutions écologistes et journalistes pro-pesticides.
Le RN en offensive parlementaire alors qu’il ne s’agit habituellement pas de son modus operandi
Chose très intéressante, mais le RN est particulièrement mobilisé sur cette année sur les questions parlementaires alors que d’habitude, ils ont un modèle de mobilisation par les réseaux sociaux.
Tout cet engagement du RN d’un point de vue parlementaire et sur les réseaux sociaux est particulièrement cocasse car en 2020, lors de la première crise autour des Neonicotinoïdes, le groupe RN était totalement absent dans les questions ainsi que sur les réseaux sociaux qui avaient la répartition suivante :
Signe que cette fois-ci et dans sa démarche de normalisation, le RN est présent. Et pour cause, il y a deux raisons :
- C’est une décision européenne (qui permet donc de taper sur l’Europe) qui menace la souveraineté (sujet prioritaire RN) alimentaire de la France
- La décision touche des circonscriptions où le RN a gagné et pourrait donner du chômage dans les usines sucrières :
Au niveau des thématiques abordées et des problématiques qui en découlent, il y a des arguments :
- Du secteur : quelles alternatives alors que la filière est en danger ? Comment désherber des betteraves à la main ?
- Economie : on va importer des betteraves au détriment des agriculteurs et des ouvriers des usines sucrières.
- Anti-Europe : il n’y a que des technochrates pour décider de cela
- Ecologique : les abeilles ne butinent pas les betteraves
- Anti-gouvernement : la France est le seul pays dans le cas.
Dans le clan opposé, on peut ajouter la thématique de la santé en plus des autres.
Du côté du gouvernement, on tente de se positionner au-dessus de la mêlée en publiant de nombreux communiqués de presse, tantôt incarné par le gouvernement, tantôt incarné par le ministère.
Les agriculteurs ont également envoyé une lettre ouverte à Elizabeth Borne. En plus de la manifestation et alors que le salon de l’agriculture se tiendra à la fin du mois. Le rendez-vous annuel sera-t-il l’occasion de créer l’événement ? On suivra avec attention !